L'appareil digestif constitue l'organe essentiel à la vie, notamment en permettant à l'organisme de subvenir à ses besoins énergétiques, et en réglant de nombreuses fonctions de liens entre le milieu extérieur et le milieu intérieur du corps.


Quelques données chiffrées :
Les maladies de l'Appareil Digestif concernent une personne sur cinq en France, et représentent le premier motif d'hospitalisation. Elles peuvent toucher des gens jeunes et fortement entamer la qualité de vie. Elles sont responsables de 70.000 décès par an (soit 13% des décès annuels). Plus d'un quart des cancers sont d'origine digestive. En 2015 on évalue que 500.000 personnes sont contaminées par le virus de l'hépatite à l'origine de 10.000 décès par an. Les maladies digestives sont fortement connectées aux troubles nutritionnels et difficultés alimentaires (Livre blanc de l'Hépato-Gastroentérologie).

 

Image intestin

Les troubles sévères des fonctions digestives comprennent des affections diverses qui altèrent sérieusement la qualité de vie. Ces affections rentrent dans le domaine de la neuro-gastroentérologie. Parmi les plus fréquentes, le RGO résistant aux traitements et les complications post-opératoires du RGO, les troubles chroniques de la motricité digestive. Le syndrome de l’intestin irritable (anciennement colopathie) rentre aussi dans ces affections. Enfin, certaines formes très sévères peuvent mettre en jeu le pronostic nutritionnel, voire le pronostic vital, comme la pseudo-obstruction intestinale chronique (POIC).

Ces affections neuro-gastroentérologiques sont prises en charge au sein de l’IMAD, en particulier par des consultations thématisées, une approche collégiale, et la mise en place d’une approche thérapeutique innovante.


Les maladies de l'appareil digestif en Pays de la Loire

L'essentiel

  • Les maladies de l'appareil digestif (hors hépatites virales et cancers digestifs) représentent un ensemble d'affections fréquentes, en particulier chez les personnes âgées. En France, au-delà de 65 ans, 29 % de la population s'en déclare atteinte, et ces pathologies représentent plus de 10 % des motifs de consultations en médecine générale. Les maladies de l'appareil digestif constituent en outre le diagnostic principal de plus de 10 % des hospitalisations en services de soins aigus, soit près de 1,8 million de séjours annuels.
  • Les Pays de la Loire présentent, à structure d'âge comparable, une fréquence d'hospitalisations pour ces affections inférieure de 18 % à la moyenne nationale. Ce plus faible recours est observé pour la plupart des motifs d'hospitalisation d'origine digestive, y compris les atteintes hépatiques chroniques liées à la consommation excessive d'alcool, ce qui n'était pas le cas auparavant. Même si l'hypothèse mérite d'être confortée, cette évolution peut probablement être le reflet d'un changement des pratiques de prise en charge. En effet, la fréquence des admissions en affections de longue durée (ALD) pour maladies alcooliques du foie reste toujours nettement plus élevée dans les Pays de la Loire qu'en France (+29 %), et les décès en lien avec ces affections sont également plus fréquents dans la région (+15 %).
  • La mortalité régionale liée aux pathologies digestives a, néanmoins, diminué de manière franche au cours des dernières années. Ainsi, les Pays de la Loire qui présentaient dans les années 2000 une surmortalité masculine par maladies de l'appareil digestif, se situent en 2009-2011 au niveau de la mortalité nationale.
  • Par ailleurs, l'épidémiologie des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) est préoccupante.
    La fréquence régionale des admissions en ALD pour MICI a très nettement augmenté au cours des dernières années (+6 % par an en moyenne entre 2005 et 2012), suivant la même tendance évolutive qu'au plan national. La fréquence régionale de ces admissions est toutefois inférieure de 12 % à la moyenne française.

Des maladies de plus en plus fréquentes, mais une mortalité qui diminue

  • Entre 1998 et 2011, le taux standardisé d'hospitalisation en service de MCO pour maladies de l'appareil digestif a augmenté de 0,3 % par an en moyenne chez les hommes, et de 0,6 % chez les femmes [2].
  • Les admissions en ALD pour pathologies digestives sont également en augmentation. Cette tendance est principalement liée à la très nette élévation du taux standardisé d'admissions en ALD pour MICI (+4,9 % par an en moyenne chez les hommes entre 2005 et 2012, et +4,7 % chez les femmes) [5]. Ces données concordent notamment avec les résultats des études épidémiologiques nationales et internationales les plus récentes, qui font état de l'augmentation de l'incidence des MICI, dans les pays industrialisés comme dans ceux en voie de développement [8].
    Le taux standardisé d'admissions en ALD pour maladies chroniques actives du foie (hors hépatites virales) a également augmenté, mais de manière moins marquée : +1,6 % par an en moyenne chez les hommes, et +0,8 % chez les femmes.
  • Le profil évolutif du taux standardisé de mortalité par maladies digestives est, en revanche, très favorable. Ce taux a effectivement diminué de 1,9 % par an en moyenne chez les hommes, et de 2,2 % chez les femmes entre les périodes 2000-2002 et 2009-2011 (Fig3) [7].
    Le recul de la mortalité par maladies alcooliques du foie et cirrhoses d'origine non précisée a été particulièrement marqué : -3,0 % par an en moyenne chez les hommes, et -3,5 % chez les femmes.

Fig3 Evolution du taux standardisé de mortalité par maladies de l'appareil digestif
Pays de la Loire, France métropolitaine (2000-2011)

Evolution de la mordalité par maladies digéstives

Sources : Inserm CépiDc, RP (Insee)
Données lissées sur 3 ans - Unité : pour 100 000
Standardisation sur la population européenne

La prévention de certaines maladies de l'appareil digestif est possible?

  • Outre l'amélioration du pronostic vital des affections les plus graves, l'un des enjeux actuels des politiques de santé concernant les maladies digestives est l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de pathologies fréquentes telles que les troubles fonctionnels digestifs, le reflux gastro-oesophagien ou les affections proctologiques, ainsi que le développement de la prise en charge ambulatoire, et non invasive des MICI [8].
  • La prévention des maladies de l'appareil digestif, en particulier des pathologies les plus sévères et invalidantes, est également importante. Les MICI ont des origines multifactorielles, à la fois génétiques et environnementales, et les mécanismes précis de survenue de ces pathologies sont encore mal connus. Plusieurs facteurs de risque font l'objet de travaux de recherche mais, à ce jour, le seul facteur environnemental avéré de la maladie de Crohn est la consommation de tabac, ce facteur étant, paradoxalement, protecteur pour la rectocolite hémorragique [8] [10].
  • Les principaux facteurs de risque des maladies chroniques et cirrhoses du foie d'origine non virale sont d'une part le surpoids et l'obésité, et d'autre part la consommation excessive et prolongée d'alcool. À ce titre, la survenue et l'aggravation des maladies chroniques du foie peuvent en partie être prévenues par des actions centrées sur la réduction de comportements à risque [11] [12]. La maladie chronique du foie est néanmoins insidieuse, et reste longtemps asymptomatique. La découverte d'une cirrhose survient alors souvent tardivement, au décours d'une complication grave (hémorragie, infection…). À cet égard, de nouveaux tests permettant un dépistage non invasif (marqueurs sanguins, examens évaluant le degré d'élasticité du foie par ultrasons…), de plus en plus fiable et précoce de la cirrhose et des stades avant-coureurs, constituent un progrès majeur dans la prise en charge des patients atteints d'une maladie chronique du foie.

Situation en Pays de la Loire

Une situation régionale toujours préoccupante pour les maladies liées à la consommation d'alcool

  • En 2011, près de 82 000 hospitalisations de Ligériens en service de MCO ont pour diagnostic principal une maladie de l'appareil digestif (soit 9 % de l'ensemble des séjours). Un peu plus de la moitié de ces séjours (52 %) concernent des hommes (Fig4) [3].
    À structure d'âge comparable, la fréquence régionale des séjours hospitaliers pour maladies de l'appareil digestif est, tous diagnostics confondus, nettement inférieure (-18 %) à la moyenne nationale. Cette situation se retrouve pour tous les diagnostics d'hospitalisation les plus fréquents (hormis l'appendicite), les écarts les plus importants étant observés pour les maladies de l'oesophage (-40 %) et les ulcères digestifs (-37 %). La fréquence régionale des séjours hospitaliers pour maladies alcooliques du foie et certaines autres atteintes hépatiques chroniques, longtemps supérieure à la moyenne nationale, lui est inférieure de 12 % en 2011. Même si l'hypothèse mérite d'être confortée, cette inversion de tendance (apparue subitement en 2009) pourrait plus probablement être le reflet d'un changement des pratiques de prise en charge, que d'une réelle amélioration de la situation régionale vis-à-vis des pathologies en lien avec la consommation d'alcool.
  • Les MICI ont motivé l'admission en ALD de 670 Ligériens (53 % de femmes) par l'un des trois principaux régimes d'assurance maladie, chaque année en moyenne sur la période 2011-2012 [5]. Fin 2012, le nombre total de Ligériens en ALD pour ces affections est estimé à près de 7 000, dont 53 % pour maladies de Crohn (Fig5) [6].
    À structure d'âge comparable, la fréquence régionale des admissions en ALD pour MICI est inférieure à la moyenne nationale (-12 %) (Fig1), la différence étant un peu plus marquée pour la maladie de Crohn (-15 %) que pour la rectocolite hémorragique (-7 %). Ces écarts régionaux sont du même ordre de grandeur chez les hommes et chez les femmes.
    Les maladies chroniques actives du foie ont, quant à elles, motivé l'admission en ALD d'un peu plus de 800 Ligériens (72 % d'hommes) par l'un des trois principaux régimes d'assurance maladie, chaque année en moyenne sur la période 2011-2012 [5]. Fin 2012, le nombre total de personnes en ALD pour ces affections est estimé à un peu plus de 6 000, dont 53 % pour maladies alcooliques du foie et 37 % pour fibroses et cirrhoses du foie d'origine non alcoolique (Fig5) [6].
    La fréquence régionale des admissions en ALD pour maladies chroniques actives du foie est nettement supérieure à la moyenne nationale (+21 %) (Fig1), la différence étant particulièrement marquée pour la maladie alcoolique du foie (+29 %). Ces écarts concernent principalement les hommes de la région (+31 et +37% respectivement), les Ligériennes présentant des fréquences d'admissions en ALD plus proches de la moyenne nationale (-1 et +6 % respectivement).
  • Les décès par maladies de l'appareil digestif (4 % de l'ensemble des décès) concernent chaque année en moyenne 1 300 Ligériens (56 % d'hommes), sur la période 2009-2011 (Fig6) [7]. Près de 36 % des décès sont causés par une maladie alcoolique du foie ou une cirrhose d'origine non précisée (47 % chez les hommes, 22 % chez les femmes).
    La grande majorité des décès de Ligériens causés par une maladie alcoolique du foie ou une cirrhose d'origine non précisée surviennent avant l'âge de 65 ans (55 %), proportion qui atteint seulement 14 % pour l'ensemble des autres causes de décès d'origine digestive.
    À structure d'âge comparable, la fréquence régionale des décès par maladies de l'appareil digestif est, toutes causes confondues, très légèrement inférieure à la moyenne nationale (-3 %) (Fig2). Les décès par maladies alcooliques du foie et cirrhoses sans précision restent, toutefois, plus fréquents dans la région qu'en France (+15 %). Cette surmortalité concerne essentiellement les hommes (+17 %), alors que les femmes apparaissent moins touchées (+9 %).

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