Le 1er février 2019 s’est tenu, comme chaque année, le Live endoscopique de Nantes. Cette manifestation a réuni près de 140 médecins et personnels de santé endoscopistes. Comment expliquer le succès grandissant de ces démonstrations retransmises en direct du bloc opératoire ?
D’abord parce qu’elles permettent aux praticiens d’actualiser leurs connaissances dans un domaine en constante évolution technologique. Les nouvelles techniques de coloration électronique et d’appréhension du contraste permettent une délimitation jusqu’ici impensable des zones adénomateuses, c’est-à-dire susceptibles d’évoluer vers le cancer, ou précancéreuses. Cette finesse d’analyse constitue un avantage comparatif de l’endoscopie par rapport aux solutions chirurgicales mais est souvent l’apanage des grands centres hospitalo-universitaires, mieux à même de s’équiper et plus réactifs à l’innovation. Il est donc crucial pour les endoscopistes libéraux de profiter de cette expérience et de l’interface entre innovation technologique et communauté médicale que constituent ces journées d’échange. Quant à l’Imad, son engagement dans la formation médicale continue (FMC) en endoscopie repose sur une idée force : le refus d’une endoscopie à deux vitesses et, à rebours, le souci d’une synergie entre médecine hospitalière et médecine de ville. Tout est fait lors du live pour faciliter la communication entre une audience active, qui n’hésite pas à poser des questions, et un praticien qui commente en direct son intervention, la détaille, bref l’éclaire.
Une audience active, qui n’hésite pas à poser des questions, et un praticien qui commente en direct son intervention
Technique de pointe, l’endoscopie est tout à la fois une méthode d’exploration et un outil thérapeutique. Le praticien dispose d’une fenêtre de temps resserrée pour s’introduire, observer, comprendre et traiter, et ce souvent par le même canal, au travers d’une lumière de quelques dizaines de millimètres. Pour que son action reste précise et le moins invasive possible, il doit faire montre 1) d’une capacité hors norme à s’orienter dans le tractus digestif, à détecter et isoler la zone pathologique ; 2) et de dextérité dans la ponction, la résection ou l’exérèse. L’intervention fait tout du long appel à des qualités d’analyse et de décision qui dépassent de loin le seul savoir théorique… Le but d’une démonstration en direct est de faire assister un public d’experts à ce processus décisionnel riche d’enseignements. Certaines procédures complexes sont dès lors privilégiées, non par étalage de virtuosité, mais bien parce la mise en situation réelle est un passage irremplaçable pour les maîtriser. Le live endoscopique de Nantes est donc un lieu où les pratiques vertueuses se voient favorisées, où quelquefois des opinions et des méthodes différentes se confrontent, mais où certains principes restent invariants. Parmi eux, la prudence interventionnelle, lorsqu’un praticien renonce devant ses pairs à une ponction sous échoendoscopie quand la présence d‘une veine proximale rend l’intervention hasardeuse…
La haute technicité du dispositif ne saurait enfin dissimuler une réalité humaine fondamentale. Au cours de ces journées, des patients ont été traités, opérés puis gardés en surveillance. Parce qu’ils ont accepté, souvent avec enthousiasme, de se prêter à une manifestation dont ils percevaient les enjeux, ils méritent les remerciements et les vœux de ceux qui y ont assisté. Ils sont les acteurs du Live, tout comme les praticiens et les infirmières à qui ils ont fait confiance.